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du teint, des traits, de la figure pour plaire. Ignorante encore, & sans nulle expérience du manége, du charlatanisme des femmes du bel air, je me reposois sur mon joli minois, du soin de me faire rechercher, & d’avoir des adorateurs : mais, loin d’attirer les moindres regards vers moi, j’avois la mortification de me voir effacer par des visages usés de débauches & tout couverts de blanc de ceruse & de rouge. Enfin, ne voulant pas courir le risque de retomber dans le triste état d’où je venois de sortir, je fus contrainte pour subsister, de servir de modéle aux Peintres.

Pendant à peu près six mois que j’exerçai cette belle profession, j’eus l’honneur d’être l’objet des études & des récréations de tous les Appelles & Barbouilleurs de Paris. Il n’est guères de sujets profanes & sacrés qu’ils n’aient épuisés sur moi. Tantôt je représentois une Madelaine pénitente, tantôt une Pasiphaé. Aujourd’hui j’étois sainte,