Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

las. Allons, allons, morbleu, approchez : je n’ai pas le loisir de rester en contemplation. On m’attend à notre assemblée. Expédions. Où sont vos mains ? Prenez ceci. Que vous êtes gauche ! Serrez les doigts. Remuez le poignet. Comme cela. Un peu plus fort. Arrêtez. Plus vîte. Dou-ce-ment. Voilà qui est bien. » Cet agréable exercice étant achevé, il me jette un couple de louis & se sauve de la même ardeur que quelqu’un qui fuit ses créanciers.

Quand je fais réflexion aux épreuves cruelles & bizarres où se trouve reduite une fille du monde, je ne saurois m’imaginer qu’il y ait de condition plus rebutante & plus misérable. Je n’en excepte point celle de Forçat ni de Courtisan. En effet, qu’y a-t’il de plus insupportable que d’être obligée d’essuyer les caprices du premier venu ; que de sourire à un faquin que nous méprisons dans l’ame ; de caresser l’objet de l’aversion universelle ; de nous