Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cadre à la vôtre ; ayez toujours quelqu’occupation pour remplir les vuides de la journée. Sur-tout ne faites aucun reméde, & je vous garantis dans six semaines aussi belle & aussi fraîche que vous l’ayez jamais été. »

Le discours de Mr. Vise-à-l’œil fit sur mes sens un effet si merveilleux, que pour peu que j’eusse eu foi au Grimoire, je l’aurois soupçonné de m’avoir touchée d’une baguette magique. Il me sembloit que je sortisse d’un sommeil profond, pendant lequel j’avois rêvé d’être malade. Persuadée que Mr. Vise-à-l’œil m’arrachoit d’entre les bras de la mort, je lui sautai au cou par excès de reconnoissance, & le congédiai avec un présent de douze louis.

Dans la résolution d’observer à toute rigueur son ordonnance, mon premier soin fut de signifier ma sortie à l’Opera. Quoiqu’on soit obligé d’y servir six mois encore après cette formalité, Mr. Thuret voulut bien m’en