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pas dédaigné de recourir à moi pour son Discours de réception. Qui ne croiroit pas qu’un commerce si considérable eût dû me faire rouler carrosse ? Cependant jugez de l’avantage que j’en ai tiré par l’état où vous me voyez. Depuis plus de cinquante ans, j’ai composé des millions de Vers, & je n’ai pas de culotte. »

Si l’air de candeur & de naïveté avec lequel le bon homme Pélegrin s’expliqua, me convainquit que de tous les métiers le plus ingrat & le plus frivole est celui de bel esprit, son mérite réel me convainquit aussi qu’il y a des heureux dans la profession des Lettres comme dans toutes les autres, & qu’il est une infinité d’Ecrivains qui doivent plus leur réputation à leur étoile, qu’à leurs talens. Combien ai-je vu de faux célébres dans Paris, dont on n’auroit jamais parlé sans la protection de quelqu’important de Cour ou de quelque Catin en crédit ? Combien en connois-je à qui l’autorité a déféré les pre-