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protesta, pour me consoler & flatter mon amour-propre, qu’il ne regrettoit, en quittant Paris, que moi & le combat du taureau.

Je me voyois au départ de Mylord, un capital assez considérable, pour pouvoir tenir maison, & filer délicieusement mes jours dans l’abondance & le repos : mais j’ai expérimenté que la soif d’aquerir augmente à proportion de nos gains, & que l’avarice & l’épargne sont presque toujours compagnes des richesses. L’envie d’être plus à son aise ; l’espoir de jouir plus parfaitement, reculent sans cesse le tems de la jouissance. Nos besoins se multiplient à mesure que notre fonds grossit ; & nous nous trouvons dans la disette au sein même de l’opulence. J’avois déjà douze mille livres de rente : je ne voulois pas songer à la retraite, que je n’en eusse vingt. Il est vrai que pour une fille aussi achalandée que moi, ce n’étoit pas fixer à la fortune un terme déraisonnable. Les nouvelles faveurs qu’elle me fit,