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environs qui ne voulût être ravaudé de ma façon. Mon tonneau étoit le rendez-vous de tous les laquais de la rue St. Antoine. Ce fut en si bonne compagnie que je pris les premiéres teintures de la belle éducation & du savoir vivre, que j’ai beaucoup perfectionnés depuis, dans les différens états où je me suis trouvée. Ma Parentéle m’avoit transmis par le sang & par ses bons exemples un si grand panchant pour les plaisirs libidineux, que je mourois d’envie de marcher sur ses traces, & d’expérimenter les douceurs de la copulation. Mr. Tranche-montagne (c’étoit mon pere), ma mere & moi nous occupions au quatriéme étage, une seule chambre meublée de deux chaises de paille, de quelques plats de terre à moitié rompus, d’une vieille armoire, & d’un grand vilain grabat sans rideaux & sans impérial, où nous reposions tous trois.

À mesure que je grandissois, je dormois d’un sommeil plus interrompu, & devenois plus attentive aux actions