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tage des gens, il me semble qu’on devroit les mettre à l’épreuve. » Que voulez-vous, lui dis-je en souriant ? il faut que le bon pâtisse pour le mauvais. Les hommes en général, sont si faux, qu’on ne vous fait point une grande injustice de n’avoir pas meilleure opinion de vous que de vos semblables. Cependant, comme je n’ai pas de raison essentielle qui m’oblige à vous juger trop rigoureusement, je veux bien faire une exception en votre faveur, & croire que vous n’avez rien de commun avec votre Sexe, que les qualités qui le rendent estimable. Mais il n’est pas décent de métaphisiquer ici sur pareille matiére : venez manger ma soupe, & nous la discuterons à notre aise.

C’étoit où m’attendoit le traitre. La premiére chose qu’il fit en entrant chez moi fut de me mettre la bague au doigt. Le ravissement où me jetta la possession d’un si précieux bijou, ne me permit pas de rien refuser à ses désirs. Je lui donnai avant & après le dî-