aussi. Nous nous formons des plaisirs de nos prétendus devoirs. Les ruses que nous inventons pour tromper nos surveillants, ont des douceurs que nous sommes seules capables d’apprécier & de sentir : en caressant nos maîtres, nous les étranglons. C’est un raffinement de vengeance qui n’est connu que des gens de Cour, des Prêtres & de nous. Vous l’avouerai-je, enfin ? la Religion elle-même est une de nos plus grandes ressources pour passer le temps agréablement. Les Églises sont les entrepôts de nos galanteries : les Tribunaux de Pénitence, où, prosternées aux pieds d’un Directeur, l’on s’imagine que, pénétrées d’un sincere repentir, nous demandons l’absolution de nos offenses ; ah ! que si vous connoissiez combien ces Tribunaux ont des charmes pour nous, vous envieriez notre sort ! Figurez-vous seulement le plaisir que vous auriez de vous confesser à des Nonnes, & vous concevrez d’abord le nôtre.
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