amouraché de moi, me proposa de le suivre en Espagne : il étoit généreux & riche, je me laissai persuader, & nous vînmes ici. En un mot, pour me servir d’une expression que j’ai lue quelque part, nos myrtes au bout de trois semaines furent convertis en cyprès. Le pauvre garçon mourut de la petite vérole. Sa mort m’affligea d’autant plus sincérement, que je me trouvois dans un Pays étranger sans ressource & sans appui. Graces à ma bonne étoile, j’en fus quitte pour la peur. Un Commissaire du Saint-Office vint essuyer mes larmes. C’est à son amour que je dois l’heureuse condition où je suis maintenant. Miséricorde ! m’écriai-je, c’en est fait de ma liberté si cet homme-là me trouve ici. Sois tranquille à cet égard, dit-elle, tu ne le verras point : il est allé à Gironne pour affaires, & je ne l’attends que dans quinze jours. Tant mieux, repris-je, car je t’avoue que je ne voudrois pas, pour toute chose au monde,
Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/145
Cette page a été validée par deux contributeurs.