Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus de douze mille francs, tant du reste des bijoux du jésuite que de l’or et des pierreries qu’elle avait enlevés de son cloître.

Mais comme elle n’était pas si peu judicieuse qu’elle ne pensât bien qu’il fallait vivre plus d’un jour, elle les réservait pour une occasion où sans doute elle pourrait en avoir affaire.

Auparavant qu’elle eût goûté les délices de la couche, quoiqu’elle fût d’un âge à ne pas être ennemie des plaisirs, elle n’avait point encore ressenti les aiguillons de ces mouvements chatouilleux qu’un sang bouillant et louable excite ; mais depuis qu’elle eut malheureusement éprouvé ces douceurs, elle était devenue si amoureuse qu’il lui était impossible de coucher seule.

Quelques dames vertueuses, appréhendant qu’une si belle fille, dans un âge si tendre, ne s’abandonnât à quelque chose qui préjudiciât à son honneur, s’intéressèrent pour elle, jusque-là qu’une des premières de la ville lui offrit sa maison pour y être nourrie et entretenue comme sa propre fille.

Elle accepta cette condition et se comporta quelque temps avec beaucoup de sagesse auprès de cette dame.

Mais la grande familiarité qu’elle contracta