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toute l’assemblée des fidèles et reconnus comme membres de l’Église, avec l’applaudissement de toute la ville.

Cette action célébrée, ils retournèrent au logis, où ils vécurent encore quelque temps sans se parler d’amour que des yeux.

L’Italien, dont la bourse s’épuisait de jour en jour, tant par la dépense qu’il faisait, les habits magnifiques qu’il achetait, que par les petits présents dont il tâchait d’engager le cœur de la baronne, crut, un jour qu’il la vit en belle humeur, qu’il était temps de lui ouvrir son cœur. Il lui en découvrit la disposition si pathétique qu’il la porta à tout ce qu’il voulut. Elle lui déclara une partie de ses nippes et de ses bijoux, lui dit que c’était tout ce qu’il devait attendre d’elle ; qu’elle n’avait rien à espérer de ses parents, et ajouta que, s’il était content d’une somme de dix mille francs, le prix de ses joyaux, à la vente desquels elle consentait, pouvait bien monter jusque-là, et qu’il pourrait disposer du tout ainsi qu’il le jugerait à propos.

Ce butin, assez considérable pour un chevalier d’industrie, lui fit ouvrir les oreilles. Il fit à sa maîtresse mille protestations d’amitié ; lui dit qu’il ne recherchait que sa personne et l’assura