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rience du monde, croyant faire une bonne fortune en entrant dans l’alliance de ce cavalier qu’elle croyait devoir être considéré dans tous les cours, pour sa qualité, sa bonne grâce et son esprit, écouta assez favorablement.

Mais comme il leur eût été malséant de se marier avant que d’avoir embrassé une religion qui rend les unions entre semblables personnes légitimes, leur amour réciproque croissant de jour en jour, ils prirent le parti de s’en aller faire instruire des principes de la religion protestante.

Quelque peu versée que la baronne fût dans la doctrine de Genève, elle agissait de bonne foi lorsqu’elle fit abjuration entre les mains des ministres de l’Église de saint Pierre ; mais l’Italien était un hypocrite et du tempérament de la plupart des moines qui jettent le froc aux orties et que la luxure, une vanité mondaine et l’amour des femmes tirent du cloître. Il renonçait aux erreurs de l’Église romaine plutôt de bouche que de cœur, l’intérêt seul le portant à cette action ; et les desseins pernicieux qu’il avait sur la baronne donnaient le branle à ses résolutions.

Ils furent reçus l’un et l’autre en présence de