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s’alluma, ses flammes s’accrurent, et ce fut pour chercher un prompt remède à un mal aussi impatient qu’était le sien qu’il s’emporta jusqu’à la menacer de la livrer à la justice du bras séculier, comme apostate et ayant commis de sacrilèges larcins, si elle se défendait plus longtemps.

Si jamais fille se vit embarrassée, ce fut Angélique. Il ne dépendait que de ce traître de la perdre. Elle se serait sans doute rendue à ses désirs lascifs si un reste de pudeur, qui était forte dans une fille de son âge et nouvellement sortie d’une école de chasteté, n’eût prévalu et n’eût opposé un torrent de larmes aux souhaits de cet enragé.

Dieu permit cependant que ce furieux lui donnât quelque trêve et que sa passion fût moindre que sa compassion. Il prit de l’amour pour une jeune paysanne, servante du cabaret où ils étaient logés, et qui, selon toutes les apparences, n’était plus novice en matière de badinage.

Cette fille, qui n’était point laide et qui lui permettait tout à l’appétit de quelque argent, ne lui fit pas oublier absolument les charmes d’Angélique : elle ne fit que les lui dérober quelques jours.