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loir se séparer d’elle sous prétexte que ses affaires ne lui permettaient pas d’être plus longtemps absent de chez lui.

Angélique reçut cette déclaration avec une tristesse apparente et lui mit entre les mains la boîte, qui contenait encore bien la valeur de deux mille francs en joyaux, après en avoir tiré une bague seulement, du prix de trente pistoles, qu’elle dit lui devoir servir pour se procurer quelque établissement.

Notre cavalier ainsi nanti, et qui ne se persuadait pas que cette fille eût été assez artificieuse pour lui cacher rien de ce qu’elle pouvait posséder, la remercia fort civilement et la conjura de vouloir passer en ce village deux ou trois jours avec lui, parce qu’il lui était extrêmement sensible de se séparer d’elle. Elle y consentit comme par force, se défiant toujours des offres d’un si perfide ami.

Mais, hélas ! que cette résidence lui coûta de larmes ! Cet homme devint plus passionné que jamais. Il la pressa vivement et ne lui donna aucun repos jusqu’à ce qu’elle lui accordât quelques liberté qu’elle croyait devoir amortir ses feux.

Mais ce moyen lui fut préjudiciable. Son feu