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laquelle ils étaient entrés, fut vilainement trompé dans son attente.

Notre cavalier et sœur Angélique sortirent par un autre endroit et se dérobèrent en peu de temps à la vue et aux poursuites du jésuite dupé.

Je laisse à juger de l’étonnement de ce misérable, qui attendit vainement nos gens à l’auberge, où il avait à peine de quoi payer son compte. Quelque extrême qu’ils jugèrent son désespoir, ils n’eurent point assez de charité pour aller le consoler dans cette extrémité ; ils le laissèrent en proie à de cruels repentirs, et je crois qu’il y a peu d’esprit fort qui ne perde quelque chose de son égalité dans une rencontre si mortifiante.

Mais suivons Angélique et notre faux ami jusqu’aux portes de Genève, où il se passa entre eux quelque chose digne d’être raconté.

Ce cavalier, pendant le reste de la route de Chambéry à Genève, n’entretint Angélique que de l’excès de sa passion. Il ne se rencontra sur le chemin aucun cabaret et aucun lien commode où ils ne missent pied à terre et où il ne la priât de vouloir seconder ses feux.

Elle, toujours, de résister, de lui donner de bonnes paroles et de lui promettre de lui accor-