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connaissant que ses inclinations étaient portées au mariage, entretenait toujours ses feux et lui répétait sans cesse qu’il connaissait assez sa complexion pour croire que, si elle était assez folle pour répondre aux désirs de sa mère, elle deviendrait la proie d’un funeste désespoir.

Plus cette mère passionnée trouva de résistance de la part de sa fille et plus elle s’opiniâtra à la faire résoudre, jusqu’à employer pour la réussite de son dessein toutes les voies injustes qu’elle crut en devoir faciliter l’exécution. Elle ne se contenta pas un jour de lui donner un soufflet, en la présence de son amant, à l’occasion d’un chat qui avait fait tomber quelques porcelaines de prix de dessus un cabaret, elle la traita d’une manière encore plus indigne le lendemain, qu’elle divertissait toute une illustre compagnie qui honorait une collation dont elle était privée, jusqu’à la faire lever de table avec la dernière confusion. Cent duretés de cette nature n’étant pas capables de changer le cœur d’Angélique, cette mère déraisonnable s’avisa d’un dernier moyen, qui fut d’aller tenter son confesseur, qu’elle conjura de vouloir engager sa fille à lui obéir et à prendre le voile.

Quoique le jésuite à qui elle s’adressa pour