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dire, et au lieu de tarare, je ne fis qu’aboyer. — Oh ! oh ! demanda la princesse, d’où vous vient ce petit animal ? — Madame, dit Printanière, il y a quelque temps que je l’ai : une bohémienne, en reconnaissance de quelque service que je lui ai rendu, m’en a fait présent. — Sait-il faire quelque chose ? — Oui, madame, il danse, il saute, il rapporte. — Et quel nom lui donnez-vous ? Celui de Bacha. Mettez-le à terre que je le voie. Venez ici, Bacha. Mais, au lieu d’obéir, je me mis à lui montrer les dents et me retranchai sous les jupes de mon aimable maîtresse, où je vis d’avance une partie des charmes que je me promettais d’inventorier à mon aise lorsque je serais chez elle. — Excusez, madame, dit Printanière, il est un peu sauvage quand il ne connaît pas son monde. Ce qu’il y a pourtant de vrai, c’est que je ne l’étais pas alors pour ma belle fée, quoique je ne la connusse que depuis quelques moments. Je m’élançais le long de ses jambes, je lui baisais les genoux, et mes petites pattes et ma langue allaient fourrageant où elles pouvaient atteindre.

Cependant, la princesse ayant achevé d’éplucher les oignons, on mit la table, et j’eus l’honneur d’être présent à son souper, qui con-