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Crapaudine vous vit ces jours passés tirer des merles avec la sarbacane ; votre bonne mine et votre dextérité lui ont tellement gagné l’âme qu’elle a résolu de vous enlever et de vous faire tireur ordinaire de ses plaisirs. — Parbleu, répondis-je en colère, que Mme Crapaudine cherche ses tireurs où il lui plaira, je tire pour mon amusement, et… — Hélas ! interrompit Printanière, elle serait femme à vous faire tirer pour le sien jusqu’à vous mettre sur les dents ; car elle ménage si peu son monde ! — Ce ne serait point la fatigue qui me rebuterait à son service, répliquai-je, si elle était aussi aimable que vous, et je fixerais volontiers mon bonheur au plaisir d’être attaché à une personne de votre mérite. — Eh bien ! reprit Printanière, en me regardant tendrement, il ne tient qu’à vous d’être heureux ; mais déterminez-vous promptement et voyez si vous voulez me suivre, tandis qu’il est encore temps. Si Crapaudine arrivait, je ne serais point maîtresse de vous secourir. — Ah ! mon adorable fée, m’écriai-je, pour fuir un pareil monstre et vivre sous vos lois, j’irai, s’il le faut, dans les climats les plus éloignés. — Ce n’est pas la peine, dit Printanière, Crapaudine nous découvrirait, fussions-nous au centre de la terre ;