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trouva si chaude qu’il suggéra à notre belle innocente que le bain leur serait délicieux et salutaire. Elle rejeta d’abord la proposition de le prendre ; mais il l’en sollicita si doucement qu’elle se dépouilla de compagnie à six pas de lui.

Il était tout nu et avait déjà folâtré dans l’eau, alors que voyant Angélique y entrer avec sa chemise, il la lui leva et la lui ôta avec une si douce violence, et si agréable, qu’on l’eût prise alors pour notre première mère au moment de la création.

Elle entra dans l’eau ; ce fut de se laver, de se fouetter, de se baisotter, et de faire cent petits jeux, et de s’asseoir pour se faire caresser du flot.

Notre jésuite lui conseille de prendre le bain autant de temps qu’elle le pourrait souffrir, sort de l’eau, se rhabille, l’empêche, en folâtrant, d’en sortir, jusqu’à ce qu’étant tout à fait vêtu, il embrassa toutes les hardes d’Angélique, avec lesquelles il se sauva au travers des dunes, sans qu’on ait pu depuis ce temps-là apprendre de ses nouvelles, laissant donc cette belle sans chemise, qui courut inutilement après lui.

FIN