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gélique, lui fournit tous les divertissements qu’il put imaginer, jusqu’à ce qu’un jour elle lui avoua, dans le vin, qu’elle avait encore dans une poche secrète pour plus de dix mille livres de bijoux. Leur familiarité augmentant de jour en jour, Angélique ne voulant point se dessaisir de son trésor, et notre jésuite ne l’en voulant pas dépouiller par force ni par adresse dans un lieu où cela ferait trop d’éclat, lui proposa d’aller se promener à Scheveling, pour avoir la commodité de s’y divertir avec plus de liberté.

Angélique, qui ne pressentait point que quelques heures de bon temps lui coûteraient bien des jours de chagrin et de larmes, accepta la partie.

Ils s’y rendirent donc, s’y postèrent dans un bon cabaret, où ils passèrent la nuit jusqu’au lendemain matin, que le temps et la mer calmes semblaient les inviter à la promenade. Ils déjeunèrent dans les formes, jusqu’à ce que, le vin leur montant à la tête, ils jugèrent à propos d’en aller dissiper les fumées sur le rivage, où ils se promenèrent jusqu’à ce qu’ils ne purent plus être aperçus de personne.

Notre jésuite, se voyant en ce lieu maître d’Angélique, éprouva de la main l’eau de la mer, la