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prudence lui suggéra une égalité forcée. Il lui dit les plus douces paroles du monde, et s’insinua adroitement si fort dans son esprit que cette fille, que j’appelle innocente par rapport aux artifice d’un jésuite, ajouta foi aux protestations qu’il lui fit d’oublier le passé, pourvu qu’elle voulût jurer de lui être fidèle à l’avenir. Ils ne se quitteront point ce jour-là.

Notre jésuite, qui se faisait appeler le sieur Gallois, et qui avait assez bonne réputation, lui représenta que, pouvant gagner honnêtement la vie d’elle et de lui, elle devait se comporter sagement. Son conseil lui plut : elle consentit à aller prendre chambre avec lui, en qualité de sa femme nouvellement arrivée de France.

Ils vécurent l’espace de trois semaines en fort bonne intelligence, l’artificieux jésuite ayant pour elle toutes les déférences imaginables.

Mais que ne méditait pas ce descendant naturel de Judas ?

Que ne brassait-il point contre la pauvre Angélique ?

Toutes les trahisons dont est capable la perfidie d’un jésuite insulté.

Voici le fait.

Il étudia quelque temps les inclinations d’An-