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De Rotterdam, Angélique entra dans le bateau de Delft, dans le dessein d’aller à La Haye.

À la descente du bateau de La Haye, elle fit rencontre d’une de ces femmes commodes, dont les maisons sont ouvertes à toutes les belles du métier. Elles firent à l’ordinaire connaissance d’abord, en sorte que celle-ci alla prendre sans scrupule logis chez elle, afin que le destin lui fît naître une occasion favorable à ses intérêts.

Un joaillier juif hantait cette maison ; cet homme, qui était marié à Amsterdam, y faisait une dépense qui marquait assez son opulence.

L’hôte du logis communiqua le dessein qu’il avait de faire surprendre en sa compagnie, par le schout, le juif, afin d’en tirer de l’argent.

Angélique consentit à tout, promit de bien jouer son personnage, et alla avertir le prévôt de la chose.

La collation fut préparée ; il fut bu jusqu’à la belle humeur. Pendant le tintamarre des fôlatreries amoureuses, le schout fut introduit avec deux de ses archers dans la maison. Le juif jeta Angélique sur le lit, et au moment qu’il allait faire le badinage et monter à l’assaut, l’officier entra, qui les prit sur le fait, et fit manquer au