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Il est vrai que celle-ci ne paraissait point en compagnie qu’elle ne se fût informée auparavant de la qualité et de la figure de ceux qui devaient avoir affaire à elle, pour ne pas tomber dans le piège.

Mais le portrait qui lui avait été fait de la personne qui la désirait étant celui d’une personne de la plus haute qualité, et l’opinion où elle était que son marchand, content de deux, ne hantait point de semblables lieux, fit qu’elle s’ajusta de tout ce qu’elle avait de plus précieux pour se rendre au logis où elle était attendue.

Elle fut donc introduite dans une chambre où une superbe collation était préparée, et tressaillait déjà de joie dans l’espoir des plaisirs qu’elle allait goûter, alors qu’elle vit entrer dans la chambre son galant, qui la voulut embrasser sans faire semblant de la reconnaître.

À ce surprenant spectacle, elle se retira deux pas en arrière et pensa tomber à la renverse.

La surprise de l’une et de l’autre étant égale, ils demeurèrent interdits quelque temps.

Le marchand ouvrait la bouche pour déclamer, sans doute, contre l’infidélité de sa maîtresse, quand, ne lui donnant pas le temps de parler, elle lui dit, faisant un grand soupir :