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chand, de retour, demanda mille pardons à la baronne, la fit changer de logis, lui donna de l’argent, et n’alla plus si souvent la voir qu’auparavant, pour les égards qu’il devait à ses premières amitiés.

Cette nonchalance refroidit un peu la baronne. Il lui semblait qu’elle recevait de cet amant peu de chose pour subsister et s’entretenir, et c’est ce qui la fit résoudre à partager ses faveurs.

Elle contracta connaissance avec la plus qualifiée appareilleuse de la ville ; et il y avait peu de soirées qui ne lui valussent deux louis.

Notre marchand n’ignora pas longtemps son petit commerce. Il voulut se rendre certain des choses par lui-même, et ce fut pour découvrir la vérité des choses qu’ayant été dans la maison de plaisir qu’elle fréquentait, faire trois ou quatre fois consécutives de la dépense, il conjura la maîtresse de lui procurer la compagnie de quelque belle Française, si elle en connaissait quelqu’une.

L’appareilleuse, qui ne se doutait rien moins de ce qui arriva, promit de lui ménager la satisfaction qu’il demandait le lendemain, et alla préparer la baronne à venir gagner quelque chose.