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point d’autre chambre à Anvers que celle qu’il lui assigna.

Leur amoureux commerce dura quelque temps sans que l’ancienne maîtresse du marchand reçût des visites de lui. Elle se douta qu’il avait changé d’inclination, et l’ayant fait épier, découvrit où il se rendait tous les jours sur la brune. Elle l’y suivit une fois de si près, qu’elle entra jusque dans la chambre, immédiatement après lui.

Ce qui la confirma dans l’opinion qu’elle avait une rivale, ce fut de voir que son serviteur, dès l’abord, se jeta au cou de sa concurrente et la tint embrassée longtemps.

Il s’en fut à peine séparé que cette fille, indignée et transportée de fureur, donna un soufflet de toute sa force à la baronne, que l’étonnement de l’action rendit interdite, aussi bien que le marchand, qui eut besoin de toute sa force d’esprit pour apaiser le différend.

Il fit accroire à celle-ci que la baronne était la sœur d’un de ses bons amis, qui lui avait été recommandée, qui attendait un billet de change et qui devait bientôt passer en France.

Quoique cette fille n’ajoutât point de foi à ces défenses, elle se calma néanmoins et fut ramenée chez elle par son serviteur. Le mar-