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promit de la secourir de cent pistoles, qu’il devait, disait-il, toucher à Cologne. Ils en prirent donc ensemble la route par Coblentz, mais ils y furent à peine arrivés que cette fille médita les moyens de s’enfuir.

La crainte qu’elle avait de ce jeune homme, dans un pays étranger où elle n’avait aucune habitude, fit qu’après quelque légère résistance, elle prit avec lui un même lit.

Trois jours après leur arrivée, ce jeune homme étant sorti pour aller toucher sa lettre de change, elle prit si bien son temps qu’elle délogea à petit bruit pour aller prendre chambre ailleurs.

Elle séjourna à Cologne près d’un mois, sans sortir de la maison, pendant lequel notre dupe courut la ville et les champs, sans en pouvoir entendre aucune nouvelle. Elle en partit donc enfin pour aller à la cour du prince de Parme, vit en passant les villes de Rhymberg, Wesel, Nimègue, Bois-le-Duc, Breda et Anvers, et arriva enfin à Bruxelles, où elle fit dessein de passer l’hiver.

Ce fut en cette ville qu’elle déploya tout ce qu’elle avait de plus précieux. Elle se défit de tous ses joyaux, à la réserve de ce qu’elle avait reçu des gratifications de la cour dont elle avait