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ville qui lui retraçait tous les jours le triste objet du désastre de son amant. Elle en sortit dès le lendemain, pour Francfort, d’où, passant à Mayence, elle fit la rencontre du jeune homme de Genève qu’elle avait si vilainement trompé.

Quoiqu’elle tâchât d’éviter son abord en retournant sur ses pas d’aussi loin qu’elle l’aperçut, il l’avait reconnue et la suivit avec tant de diligence et d’adresse qu’il remarqua le logis où elle entra. Ce fut pour s’assurer davantage de la vérité des choses qu’il fit sentinelle, cinq ou six heures, assez près de son hôtellerie, jusqu’à ce qu’il eut le loisir de la saluer dès le moment qu’elle en voulut sortir.

Il me serait difficile d’exprimer la grandeur de sa surprise à la rencontre de cette dupe, puisqu’elle n’a pu elle-même me le peindre.

Pour raisons justificatives de sa trahison, elle allégua l’infidélité de sa compagne et l’opinion où elles avaient été qu’il ne les suivait que pour jouir d’elles, et, dans la suite, les laisser dans le malheur.

Les raisons les moins spécieuses sont des vérités dans la bouche d’une personne aimée. Ce jeune homme devint plus que jamais fou de la baronne, qui fit la pauvre devant lui, et lui