Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que les plus grandes douceurs sont toujours mêlées d’amertume, notre heureux cavalier, qui était sorti pour aller faire quelque emplette, ne fut pas plutôt au détour de la rue qu’il se heurta par mégarde contre une espèce de bretteur qui le chargea d’injures.

N’étant pas de tempérament à tout souffrir et la prudence lui dictant de répondre, il crut que cet affront lui étant fait en public il devait répliquer à l’insulte. Il brusqua à son tour ce malhonnête homme. Ils en vinrent aux mains et le destin des armes voulut que cet infortuné gentilhomme reçût un coup d’épée qui lui ravit la vie. L’auteur de sa mort eut le temps de se sauver et le bruit de l’accident s’étant répandu incontinent entre la foule qui courut autour du mort, la servante de l’hôtellerie le reconnut pour être le mari de la jeune dame qui était logée chez son maître et vola en donner avis à la baronne.

Cette belle veuve par anticipation, au récit de cette funeste aventure, tomba en une faiblesse dont elle eut toutes les peines du monde à revenir. Quelque véhémente que fût sa douleur, elle ne courut point voir ce tragique spectacle. On l’entendait seulement dire :