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posa Bragincour à entendre quelques mots énigmatiques que lui lâcha le conseiller.

Comme il était assez déniaisé et spirituel et que, d’ailleurs, il s’imaginait que cet homme, qui avait l’oreille et le cœur du prince, pouvait savoir quelque chose de ses affaires, il lui demanda avec tant d’instance l’explication des discours confus et obscurs qu’il lui venait de tenir que celui-ci, lui ayant demandé le secret, lui déclara qu’on brassait contre lui quelque chose de funeste à la cour, et dont le prince ne le pouvait garantir, quelque tendre inclination qu’il eût pour lui ; ajouta qu’il lui serait avantageux de profiter des gratifications de son maître ; lui conseilla de prendre de lui de puissantes recommandations, et d’aller dans une autre cour penser à son établissement.

Le page, l’ayant remercié d’un si bon avis, lui promit d’en profiter et entra à la suite du prince, qui était de retour et qui semblait être jaloux d’avoir rencontré ce conseiller avec son page-amante. Lorsque tout le monde se fut retiré, le prince, étant resté seul avec Bragincour, s’enquit de lui quelle avait pu être la matière de ses entretiens avec le conseiller.

Sur quoi celui-là, paraissant comme interdit,