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Sa tante, qui était une princesse judicieuse et d’un grand esprit, voyant toutes ces menées, et ne pouvant concevoir ce qu’il pouvait y avoir en ce page qui régnât si absolument sur les inclinations du prince son neveu, elle crut que, pour le repos de la cour, il fallait travailler à rompre son commerce. Elle conféra pour cet effet avec un conseiller, homme fort discret et fort sage, et le pria de porter ce page à consentir de quitter la cour.

Elle le conjura d’employer toutes les voies que la prudence lui suggérait, jusqu’aux menaces même si les bons avis n’avaient pas la force de le faire résoudre à prendre ce parti.

Ce prudent personnage lui promit de faire de son mieux ; mais il lui était si difficile de trouver l’occasion favorable d’entretenir le page, avec qui il n’était point familier, qu’il fallait même qu’il se rendît plus qu’à l’ordinaire assidu auprès du prince pour trouver moyen de parler à Bragincour.

Un jour que le prince était à la chasse, le page se chauffant dans l’antichambre, et notre conseiller s’y étant rencontré, ils s’entretinrent quelques heures ensemble, d’abord indifféremment et ensuite avec une familiarité qui dis-