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doutait point qu’il ne fût supposé, et j’y consentirai de tout mon cœur, pourvu que Votre Altesse ait la bonté de placer ma sœur en lieu que je puisse avoir la satisfaction de la voir tous les jours et à condition qu’on ne nous forcera point de décliner notre véritable nom. Sur quoi le prince leur ayant donné sa parole, il admit le chevalier au nombre de ses pages et destina la sœur prétendue de celui-ci, laquelle portait le nom de Lilie, au service d’une princesse de ses tantes, jusqu’à ce que l’alliance qu’il projetait étant faite, elle passerait au rang des filles de la princesse à venir.

Les princes bien nés faisant toujours plus d’amitié et de faveurs aux étrangers qu’à ceux de leur propre nation, aussitôt qu’il fut de retour en ses États, il pria sa tante, qui menait une même cour avec lui, d’agréer Mlle Lilie. Cette princesse la prit auprès d’elle et eut un soin extrême de lui faire apprendre tout ce qui convenait à une si belle jeunesse, pendant que le prince neveu recommanda surtout au maître de ses pages son page favori.

Cet air doux, ce regard tendre et le je ne sais quoi que le déguisement de la baronne n’avait pu effacer de son visage et de ses manières, fit