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le secret, et effectivement la chose n’éclata pas et en demeura là.

De semblables actions engendrèrent certaines habitudes qui passèrent bien plus loin. Le sang de ces jeunes filles s’échauffaient de jour en jour, elles ne pensèrent qu’à se faire des serviteurs.

Le fils d’un des magistrats de la ville voyait l’une et l’autre de bon œil, ce qui fit naître entre elles la plus furieuse de toutes les jalousies. Elles tachaient de se supplanter l’une l’autre, et jamais homme d’esprit ne se vit plus embarrassé que ce favori de deux belles. La baronne passait pour la plus belle à ses yeux et Judith, cependant, emportait le plus grand poids de ses inclinations.

L’amour lui suggérait la baronne et la politique voulait qu’il eût de grands égards pour la fille de la maison.

Dans les visites fréquentes qu’il leur rendait, s’il regardait l’une plus fixement que l’autre, celle-ci entrait dans des mouvements de jalousie si prodigieux que leur faible éclata en très peu de temps.

La mère de Judith, qui appréhendait que ces filles ne devinssent la fable de la ville, remercia un jour ce jeune homme et lui interdit honnê-