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droit en question. Mais ne s’étant pas accordées, parce qu’il leur était difficile de se voir comme il faut, quelques plaisantes postures qu’elles fissent, elles s’avisèrent de monter sur les sièges, de lever leur chemise et d’exposer, l’une près de l’autre, devant un grand miroir, le pot aux roses.

Notre valet de chambre, ravi de voir de semblables merveilles, se contint le plus qu’il put pour ne point les interrompre ; mais comme la bizarrerie du sort traverse toujours la bonne fortune, une toux fâcheuse le trahit, en sorte qu’il aurait fort mal passé son temps, tant ces jeunes filles étaient animées, s’il ne se fût dérobé au plus vite à leur fureur.

Jamais Actéon ne porta tant de bois, qu’il monta de corne à la tête de cet heureux serviteur.

Il s’alla enfermer dans sa chambre pour méditer et repasser ce qu’il avait vu ; mais il n’y fut pas longtemps en repos ; car nos jeunes filles, appréhendant qu’il ne les décelât, l’allèrent prier, toutes confuses, de leur vouloir garder le secret et de ne point faire une plaisanterie de ce petit démêlé, qui peut naître sans scandale entre des filles. Ce valet de chambre leur promit