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celle-ci ne doutant pas que celle-là ne le portât dans quelque poche secrète.

Ce qui étonna tout le monde fut que cet animal, quelque bruit et quelque mouvement qu’on eût fait, n’avait point changé de place.

Comme cela donnait matière de raisonner à la dame et à la servante, la baronne s’approche du lit, prend l’animal prétendu avec la main, et dit à celles à qui il avait causé une terreur panique qu’elles avaient peur de bien peu de chose, que leur alarme était fausse, et que ce n’était rien autre chose qu’un reliquaire rempli de son bénit, de celui dont usait à faire du pain un certain ermite qui vivait aux environs de Lyon, dans une grande odeur de sainteté.

Cette subtile réponse faite avec assurance fut prise pour argent comptant, et chacun se retira en riant, sans qu’il en fût parlé davantage que le lendemain que, le récit de l’aventure ayant été fait à table au maître du logis, il fut curieux de voir ce reliquaire qui faisait tant de peur.

Quoique la baronne l’eût sur soi, par la crainte qu’elle avait que ce genre d’instrument ne fût pas inconnu à cet homme, elle le tint caché et dit qu’étant le reste d’une superstition romaine,