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nous arrivons à la date de 1015, qui est en tout cas la plus basse qu’on puisse assigner au manuscrit[1].

La mention des rois est plus difficile à comprendre. On voit bien que Bhojadeva partageait la royauté avec Lakṣmîkâmadeva et nous savons d’autre part, grâce au colophon du Ms, Add. 1683 de la même Bibliothèque, que celui-ci régnait encore vingt-quatre ans plus tard. Mais leurs relations à tous deux avec Rudradeva sont infiniment plus obscures. Huit ans auparavant ce dernier était le co-régent d’un certain Nirbhaya d’après le colophon du Ms. Add. 866, Vivait-il encore et faut-il croire avec M. C. Bendall qu’il partageait avec Lakṣmîkâmadeva la moitié de royaume que leur laissait Bhojadeva ? Faut-il admettre au contraire, ainsi que nous inclinons à le penser, que, de façon ou d’autre, Bhojadeva lui avait succédé ? Le texte étant corrompu, toute discussion serait oiseuse à ce sujet[2].

En revanche la suite, d’un mètre plus facile, est aussi

  1. Nous prenons bien entendu himàbhe comme un équivalent poétique de la mention ordinaire de çuklapakṣe. La date exacte serait le 3 mars 1015, selon M. Kielhom (Ind. Antiq., 1888, p. 248) : mais la correction qu’il propose n’est guère acceptable. — Si nous prenions l’ere précédemment employée au Népâl et dont M. S. Lévi a fixé le début à l’an 595-6 de notre ère (Note sur la chronologie du Népal, Journ. Asiat., 1894), nous obtiendrions 596+135 = 731, qui est justement la date où la Vamçâvali de Bhagvânlâl Indrâji place les règnes de Bhojadeva et de Lakṣmikâmadeva (V. Paṇḍit Bhagvânlâl Indrâji. Twenty-three inscriptions from Nepâl, p. 38). La coïncidence est assurément curieuse à noter. V. d’ailleurs, p. 28, no 1.
  2. Le troisième vers de la première strophe est en effet incompréhensible tel que le manuscrit nous le donne. On voit bien qu’il devait contenir en même temps qu’un compliment sur le nombre des qualités de Bhojadeva un jeu de mots sur les Gaṇas du cortège de Çiva. dont Rudradeva est un autre nom : tant d’ingéniosité semble avoir égaré le scribe lui-même qui coupe le vers d’un signe de ponctuation au moins inattendu. Peut-être d’ailleurs le texte est il obscur à dessein et fait-il une allusion enveloppée à quelqu’une de ces tragédies de palais si fréquentes dans l’histoire du Népâl. S’il faut lire, comme il paraît le plus vraisemblable : « Râjñi ÇriBhojadeve ’ py amitaguṇagaṇâlabdhaÇriRudradeve, etc. », il est peu douteux qu’on doive entendre que le roi Bhojadeva partageait la royauté avec Lakṣmîkâmadeva « encore qu’il eut, à l’aide de ses innombrables mérites (1er sens) : fait un cortège au dieu Çiva — (2e sens) : mis à mort le roi Rudradeva. »