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1643 de la Bibliothèque de l'Université de Cambridge et l'A. 15 de la Bibliothèque de la Société asiatique du Bengale, présentent cette particularité que leurs miniatures sont accompagnées d'une légende explicative en écriture du temps. Est-ce une représentation de monument, l'inscription nous donne son nom et sa situation géographique ; est-ce une image de divinité, l'inscription nous apprend également son nom et d'ordinaire celui du pays ou même de la ville où elle était adorée sous cette forme, avec l'épithète particulière qu'elle y portait. On ne saurait exiger de notice plus détaillée, ni plus sûre. Également contemporaines des manuscrits, illustrations et inscriptions remontent a une époque où la continuité de la tradition bouddhique n'avait pas encore été rompue dans l'Inde orientale par les vicissitudes des invasions musulmanes. Exécutées au Népâl, non seulement avant que ce pays eût subi à son tour par réaction l'influence du Tibet, mais avant même qu'il eût commencé à s'isoler, comme il a fait depuis, du reste de l'Inde, elles ne sont pas moins véritablement indiennes pour être l'œuvre de scribes et d'enlumineurs népâlais. Si nous n'avions d'autres raisons de croire à l'existence de relations constantes jusqu'à ce temps entre le Népâl et la basse vallée du Gange, la paléographie suffirait seule à le prouver. Au XIe siècle, manuscrits bengalis et népâlais sont encore d'une écriture presque identique[1] et c'est à peine si nous trouverons à relever entre les miniatures des uns et des autres certaines nuances de style. On sent des lors l'intérêt que peuvent présenter pour l'histoire de l'iconographie bouddhique et de l'art indien — sans parler de la riche moisson de renseignements géographiques qu'ils nous promettent — des documents indigènes, fidèles représentants de la tradition, identifiés à l'avance et plus proches des

  1. L'écriture ne commence à différer qu'au siècle suivant. Voyez l'introduction paléographique de M. C. Bendall à son Catalogue of the Buddhist sanskrit Mss. in the University library, Cambridge, p. XXII.