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En effet

« Tes flèches composées de fleurs, les rayons de la lune dont la nature est d’être frais, voilà deux choses qui sont fausses pour les êtres tels que moi.

« La lune lance le feu avec des rayons sortis d’une source glacée, et toi, tu donnes à tes flèches de fleurs la solidité du diamant. »

Bienheureux dieu de l’amour, ne sois pas irrité contre moi ! (Imitant une langueur amoureuse.) Pourquoi, dieu dont les armes sont des fleurs, cette cruauté pour moi ? Ah ! je le vois :

« Aujourd’hui, sans nul doute, le feu de la colère de Civa[1] brûle encore en toi, comme le feu sous-marin au fond de l’océan ; autrement, ô Amour, toi dont il ne reste plus que la cendre, comment serais-tu si brûlant pour les êtres tels que moi ! »

Et pourtant,

« Quoique ce dieu qui a un monstre marin pour emblème apporte à mon cœur une souffrance incessante, je l’en remercie, s’il

  1. Peu de temps après le mariage du dieu Civa avec la déesse Oumâ, l’Amour voulut augmenter encore la tendresse du dieu pour son épouse ; mais Civa, qui était en ce moment occupé à des austérités, réduisit l’Amour en cendres avec le feu de ses yeux.