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Ilemtéen et Ilemtien sont, dans leurs lettres radicales, les mêmes que le mot Lemta, (Ilemtéen est le np. d’une petite tribu touaregue habitant l’Ajjer ; Ilemtien est le nom dont les populations berbères du Touat et du Tidikelt se servent de nos jours pour désigner, en langue berbère, tous ceux que les Arabes appellent « Touareg » et que les Kel-Ăhaggar appellent Imoûhaṛ) ; que les Kel-Ăhaggar appellent actuellement Tărġa la région appelée Fezzan par les Arabes, et que c’est certainement de ce nom Tărġa que vient le mot arabe « Touareg » (v. Benhazera ; six mois chez les Touareg du Ahaggar) ; que le nom de Tărġa et celui de Lemta figurent, l’un à côté de l’autre, dans le Sahara tripolitain, sur des cartes géographiques du 17e siècle (v. O. Dapper ; description de l’Afrique ; 1686) ; que le mot « touareg » a, pour les Arabes du Tidikelt 2 sens distincts, un sens restreint qui est exclusivement celui de « touareg noble », et un sens étendu qui est celui de « touareg (qlconque) » : on peut admettre que la tribu berbère des Houara, dont le nom s’est transformé en Ăhaggar, a émigré du Fezzan vers le massif montagneux qui a pris son nom, l’a conquis, a réduit à l’état de plébéiens vassaux (ămeṛid) les fractions berbères qui l’habitaient, que son nom y est devenu syn. de « noble » parce qu’elle était la tribu conquérante et souveraine, et qu’après s’être communiqué au massif montagneux central qui est comme la citadelle de la contrée et en est la seule partie touj. habitée, il s’est étendu à toute la région soumise à sa domination. (v. Victor Picquet ; les civilisations de l’Afrique du Nord) ‖ les Touaregs nobles Kel-Ăhaggar sont aujourd’hui au nombre de 60 ou 80 familles, les Touaregs nobles Tăitoḳ sont à peine 15 familles. Ils sont presque tous pauvres. Autrefois ils étaient beaucoup plus nombreux et riches. Les expéditions lointaines les ont décimés. Il y a 100 ou 150 ans, la condition des plébéiens vassaux était dure ; les nobles exigeaient d’eux de lourdes redevances, se faisaient héberger et entretenir par eux, se faisaient donner par eux de gré ou de force tout ce qui leur convenait ; à cette époque, les ămeṛid ne possédaient pas des chameaux, les nobles seuls en avaient, les ămeṛid ne possédaient que des chèvres, d’où leur est resté le nom de kel-oulli « gens de chèvres » sous lequel ils sont très souvent désignés. À mesure que les nobles ont diminué de nombre, par suite des expéditions et des guerres dont ils ont, pendant longtemps, fourni seuls ou presque seuls les contingents, les ămeṛid ont gagné en force et amélioré leur condition ; ils ont acquis des chameaux, cultivé le sol, et à peu près toute la richesse est passée en leurs mains ; aujourd’hui, comme nombre et comme fortune, ils sont toute