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jusqu’aux genoux, et je rapporte avec quelque peine, car les fibres de la base tiennent bon, plusieurs beaux pieds de la Zostéracée méditerranéenne, qui malheureusement manque de fleurs.

Un nid charmant que l’Île Rousse ! Quoique percé de rues étroites, comme la plupart des villes corses, le bourg, dont la fondation ne remonte qu’au siècle dernier, est très régulièrement bâti ; les maisons sont hautes, quelquefois luxueuses, surtout dans le beau quartier qui avoisine la grande place, ombragée d’énormes platanes, et sur laquelle, au-dessus d’une abondante fontaine, se dresse le buste de Paoli. C’est là que nous passons, après dîner, quelques heures délicieuses, en vue de la Méditerranée, à nous remettre un peu, de nos préoccupations botaniques. Les promeneurs sont nombreux à cette heure de crépuscule ; des enfants jouent bruyamment autour des arbres, auprès du bassin où des femmes viennent puiser de l’eau qu’elles emportent ensuite, avec des allures de Napolitaines dans des cruches posées sur la tête. L’air est doux, presque tiède ; les cris des martinets s’éteignent dans le ciel et l’on sent flotter autour de soi un vague parfum de citronniers, un subtil arôme d’orangers en fleurs.

Demain, comme nous l’avons fait à Calvi, nous irons visiter quelques points élevés, vers Muro ou Belgodère, car maintenant la montagne nous attire ; nous avons soif du maquis.