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déboires ; peu à peu les plantes l’ont attiré, moins en curieux qu’en poète, sans doute, et il les a aimées avec une passion véritable que l’aurore de la quarantième année n’a pas affaiblie. Insensiblement, sur les falaises blanches de lumière, dans les montagnes abruptes de Cagna, sur les flots bleus qui baignent tout près de là la Sardaigne et l’Italie, avec son fusil ou ses filets, il a pris le goût de l’aventure et s’est endurci aux fatigues des longs voyages. M. Reverchon fut le premier à mettre à profit ces dispositions et à le subventionner pour accomplir plusieurs campagnes dans le but de publier des exsiccata de plantes de divers pays. C’est ainsi que Stéfani visita la Sardaigne, l’Espagne, la Crète, la Turquie, sans négliger la Corse qu’il parcourut dans certaines parties encore peu connues. En quelques années, il se familiarisa avec un certain nombre d’espèces qu’il récolte encore aujourd’hui pour plusieurs sociétés d’échange et s’occupa assez activement des plantes de ses environs pour rendre à quelques botanistes descripteurs, notamment à Jordan, de précieux services. Il ne reste malheureusement plus rien de la correspondance échangée entre lui et l’éminent phytographe de Lyon, qui lui donna de minutieux renseignements sur divers genres à élucider, Ægilops, Helichrysum, Euphorbia, etc.

À l’heure actuelle Stéfani occupe ses loisirs à préparer des centuries de plantes de l’île pour les botanistes qui le désirent. Nous lui avons vivement conseillé la formation d’herbiers de Corse, composés d’espèces rares où particulières à ce pays, persuadés qu’il en trouverait sans difficulté le placement, en France ou à l’étranger.