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de ce beau golfe entouré de bois sombres et de collines pelées dont l’aspect rappelle à cette heure, sous la lune blafarde, un véritable décor de mélodrame, ni dans les marécages de Stabaccio où tant de plantes intéressantes ont été signalées. Les richesses de Calvi nous ont trop longtemps retenus et nous n’avons même plus aujourd’hui une semaine entière à employer.

De Porto-Vecchio à Bonifacio, le trajet s’effectue la nuit et ne présente par conséquent aucun intérêt ; il nous parut d’une longueur interminable, car les fatigues de cette accablante journée demandaient impérieusement à être réparées. Encore fallut-il à l’arrivée parlementer longuement avec le postillon qui avait égaré un paquet contenant divers ouvrages, notamment la Flore de France de Grenier et Godron. La discussion fut véhémente, notre Corse tenait bon et faisait retomber la faute sur ses collègues du dernier relais ; mais on finit par nous promettre d’opérer immédiatement des recherches et de nous aviser dès le lendemain. Ajoutons que le colis fut retrouvé, non sans peine, entre les mains d’un voyageur de commerce, dans un hôtel de Porto-Vecchio !…

À Bonifacio, nous devions rencontrer un amateur de plantes, M. Stéfani, qui, pendant de longues années, fut le préparateur de M. Reverchon, et nous assurer, si c’était possible, son concours pour nos futures recherches sur la flore insulaire.

Habitué depuis son enfance à la vie facile de cette région privilégiée, Stéfani a laissé se développer, au contact d’une nature remarquablement riche, sa vive imagination d’oriental. Dans son langage pittoresque et animé, il nous conte sa vie, ses espérances, ses