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rité, les droits politiques, s’ils étaient conférés à tous, seraient des armes livrées à des ennemis qui se combattent, et non des moyens d’atteindre le but de la société. L’étendue des droits conférés aux citoyens dépendra aussi nécessairement du niveau de l’intelligence moyenne, car s’il se trouvait entre la difficulté des affaires et la capacité des individus une disproportion évidente, la société serait compromise ; le but serait sacrifié aux moyens.

Ainsi la qualité de citoyen existe virtuellement chez tous les hommes majeurs qui composent une nation ; mais l’exercice des droits attachés à cette qualité ne peut appartenir à tous qu’autant que cette nation est devenue homogène ; c’est ce que démontre l’histoire. Même dans ce cas, les droits des citoyens sont plus ou moins étendus, suivant l’aptitude générale, et c’est seulement lorsque la moyenne des intelligences dépasse un certain niveau, que tous peuvent être admis à la participation des droits politiques. Le suffrage universel est une des formes de l’exercice des droits politiques, mais n’en est, pas la forme unique et absolue.

Disons donc avec l’un des premiers publicistes de notre époque :

« Il y a des droits permanents et des droits variables, des droits universels et des droits qui ne le sont point. Tout individu possède et porte partout les premiers, à ce titre seul qu’il est né de l’homme et dresse son front vers les cieux. Les seconds ne s’attribuent à l’individu qu’à d’autres conditions, et il peut, sans que la raison ni la justice en soient offensées, faire partie d’une société où il ne les possède point.

Les droits permanents et universels aboutissent