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Derrière l’uniformité des règlements apparaissent des diversités de détail qui reflètent l’état d’esprit de chaque paroisse. Les curés apportent à l’organisation des écoles, comme à celle de leurs œuvres pieuses, des préoccupations empreintes de leur tempérament ou de leurs préférences. C’est ainsi que les uns passent des contrats avec des communautés, d’autres appellent des maîtres laïques ou se contentent de prêtres « habitués » de leur paroisse, que les uns suivent les influences jansénistes et d’autres s’efforcent de rester dans la pure orthodoxie.

Les deux principales congrégations qui se partageaient les écoles de charité de filles étaient les Sœurs grises, ou Filles de la charité, instituées par Vincent de Paul, et les Sœurs de l’Enfant-Jésus ou Filles de Saint-Maur.

Ces dernières avaient été fondées à Rouen en 1666 par un minime, le Père Nicolas Barré[1], aidé de Mme Maillefer. Il les fit venir à Paris dans la paroisse Saint-Jean-en-Grève, en 1677, puis elles s’établirent en 1686 dans la paroisse Saint-Sulpice, où elles tinrent bientôt huit écoles, à Saint-Joseph, rue Saint-Dominique, à la Grenouillère et dans les rues de Seine et Saint-Placide. Ce sont elles également qui desservaient les écoles de la paroisse de Saint-Gervais. Elles faisaient des vœux simples d’obéissance et de « stabilité ». Elles ne purent jamais obtenir de lettres patentes. Leur noviciat et le siège de leur institut était rue Saint-Maur[2], où elles tenaient aussi des écoles gratuites. Elles ne reconnaissaient d’autres supérieurs que les curés de Paris, dans les paroisses desquelles elles étaient établies.

Leurs statuts, établis par le Père Barré en 1685, furent renouvelés en 1730[3] par l’abbé Tiberge, prêtre du séminaire des

  1. Né à Amiens en 1620. A composé des Lettres spirituelles. Rouen, 1697, in-12. Sa vie se trouve en tête de ce volume. Voir aussi P.-H. Grèzes, capucin, Vie du P. Barré. Paris, s. d., in-16.
  2. Hurtaut et Magny, Dictionnaire historique de la ville de Paris, t. IV, p. 565. La rue Saint-Maur est aujourd’hui la rue de l’Abbé-Grégoire. Elles firent deux tentatives pour être autorisées en 1731, puis en 1747, mais les deux fois le procureur général refusa, prétendant qu’il y avait déjà beaucoup trop de congrégations similaires, et malgré l’insistance du P. Combes, supérieur général des Missions auprès du cardinal de Fleury (Bibl. nat., Joly de Fleury 115, dossiers 1069, fol. 44 à 77, et 1237, fol. 215).
  3. Ces statuts furent imprimés en 1741. Parmi les supérieures de la com-