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tels par les curés, dont sera tenu registre tous les six mois avec noms et adresses »[1]. Le chantre gardait son droit de visite sur les écoles, une fois par an. C’était là une simple satisfaction d’amour-propre, car « les lettres portant pouvoir de régir et gouverner les écoles de charité », ce qui était le plus important, devaient être accordées aux curés « sur simple représentation de leurs provisions et prises de possession, sans qu’il soit besoin de présenter de requête au chantre, ni obtenir de conclusion du promoteur ». Les maîtres restaient entièrement dans la main des curés : « Les maîtres ne seront point traduits en jugement devant le chantre, mais, en cas de litige, seront corrigez par le curé » ; « chaque curé instituera et destituera les maîtres » ; enfin, ces derniers n’étaient tenus « d’aucuns droits de communauté, de confrairie, ni obligés de se trouver aux assemblées des autres maîtres d’école, mais seront exhortés d’assister au synode du chantre ». Une formalité pourtant était exigée ; on devait mettre sur les portes des écoles de charité l’inscription suivante : École de charité pour les pauvres de la paroisse[2].

Sous ce régime de liberté, les fondations d’écoles, qui n’avaient d’ailleurs jamais cessé de se manifester, devinrent de plus en plus nombreuses à la fin du XVIIe siècle, d’autant plus que la transaction intervenue coïncidait avec la fameuse déclaration royale du 13 décembre 1698, renouvelée le 14 mai 1724, prescrivant l’établissement d’écoles dans toutes les paroisses, dans un but de prosélytisme religieux contre le protestantisme.

Cependant, certains curés avaient dû surmonter des difficultés d’un autre ordre. A Saint-Sulpice, où les Frères des Écoles chrétiennes avaient été appelés à tenir des écoles par le curé de la Barmondière, dès 1688, son successeur, La Chétardie, dut soutenir un procès contre des maîtres écrivains[3]

  1. Déjà les arrêts des 25 mai 1666 en faveur de Bernard Cros, curé de Saint-Louis-en-l’Ile, et 23 août 1678 en faveur de J. Gardeau et P. Gargan, curés de Saint-Étienne-du-Mont et de Saint-Médard, avaient autorisé les maîtres et maîtresses à continuer d’instruire sans permission du chantre, mais seulement aux enfants des pauvres (Mémoires du clergé, t. I, p. 1073 et 1075).
  2. Il en reste un spécimen intéressant sur le local de l’école des Sœurs de la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile, rue Poulletier.
  3. D’après A. Franklin, Dictionnaire des arts, métiers et professions,