étaient venus te demander des consultations dans ton cabinet ?
— Oh ! non, ils ne donnent pas dans ces godans-là. Ils sont trop malins pour s’y laisser prendre… et puis, ils sont un peu de la partie.
— Ah ! bah ! est-ce que la comtesse se mêle aussi de dire la bonne aventure ? Si j’avais su, je l’aurais priée de tirer mon horoscope.
— Non, ce n’est pas ça, mais je faisais les foires et eux aussi. Des fois, leur baraque se trouvait à côté de la mienne. Ça fait que nous voisinions.
— Je te le disais bien que Stépana avait été acrobate.
— C’est la vérité. Autrefois, elle n’avait pas sa pareille pour danser sur la corde, avec ou sans balancier. Mais elle a engraissé, et dans les derniers temps, elle ne faisait plus guère que la parade à la porte.
— Elle devait attirer du monde, rien qu’avec ses yeux. Mais le seigneur hongrois, j’aime à croire qu’il ne jouait pas les paillasses ?
— Oh ! non, c’est le mari d’Amanda qui était pitre.
— Ah ! elle s’appelle Amanda ? Elle a bien fait de changer de nom. Stépana a plus de chic.
Et Tergowitz, quelle était sa spécialité dans la troupe ?
— Il était clown, mais pas dans le genre comique. Il ne faisait que des tours, mais d’une force ! Rien qu’avec son fameux saut : tête en avant, il aurait pu gagner sa vie. Au cirque des Champs-Élysées, il n’y en a pas un qui oserait piger avec lui.
— Tête en avant ! répéta Fresnay en se frappant le front. Attends donc !… il me semble que je connais ça.
Sous quel nom Tergowitz était-il connu dans les foires ?
— Zig-Zag… un nom de guerre.