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le pouce crochu

— C’est lui qui servait de mouche aux fraudeurs, affirma le propriétaire du Tombeau des Lapins.

— Oui…, oui, menez-le au poste, crièrent les autres.

— Eh bien, dit Georget exaspéré, je vais vous suivre, mais je veux qu’on porte secours à mon père. On n’abandonne pas un homme sans essayer de le sauver.

— S’il est au fond du trou, il y a longtemps qu’il est fumé, reprit un des rôdeurs.

— J’y descendrais bien, ajouta un chiffonnier, mais il n’y a pas mèche.

Il s’approcha du puits et il recula, chassé par les vapeurs brûlantes et nauséabondes qui en sortaient.

— Encore, si ça ne sentait que l’eau-de-vie ! mais c’est comme une odeur de côtelette brûlée. Tout est cuit.

Georget fondit en larmes. Il comprenait que son père était mort. Peu lui importait maintenant ce qu’on ferait de lui.

— Comment t’appelles-tu ? lui demanda brusquement l’employé de l’octroi.

— Georges Courapied.

— Drôle de nom, tout de même. Quel métier fais-tu ?

— Il est larbin, dit un des voyous. Ça se voit bien à sa veste qu’a trente-six boutons.

— Non, murmura Georget. J’étais dans une troupe.

— Une troupe de quoi ? Tu ne nous feras pas gober que tu étais figurant dans un théâtre.

— Mon père et moi, nous faisions les foires.

— Ça se peut bien tout de même. J’ai dans l’idée que je l’ai vu cette année à la celle au pain d’épices.

— C’est vrai, nous y étions.

— Il ne s’agit pas de tout ça, dit le douanier. Où demeures-tu ?