Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
le pouce crochu

Courapied, très judicieusement, commença, par examiner de près cette muraille et il n’y vit pas la moindre solution de continuité. Il frappa du pied et du poing les pierres qui la formaient et aucune ne sonna creux.

— J’aurais cru qu’il devait y avoir là une porte, dit-il, mais allons jusqu’au bout.

Ils se mirent en marche, Georget portant la lanterne. Ils passèrent le long des barriques, symétriquement rangées, et ils remarquèrent qu’elles étaient toutes pourvues de robinets, comme celles qu’on voit dans les magasins des liquoristes. Plus loin, ils retrouvèrent le tas qu’ils avaient déjà heurté dans l’obscurité, et ils reconnurent que ce tas se composait de jambons d’Amérique, empilés les uns sur les autres et enveloppés de toile cirée.

— Bon ! dit Courapied, cette cave sert d’entrepôt à des fraudeurs ; ils doivent y venir souvent et nous ne tarderons guère à les voir… à moins que nous ne trouvions le moyen d’en sortir avant leur visite. Nous voilà assurés de ne pas crever ici.

— Avançons, père, murmura Georget. La bougie brûle et nous n’en avons qu’une.

Ils avancèrent et ils arrivèrent à une bifurcation de la galerie. Laquelle prendre des deux voies qui se présentaient ? Ils prirent à droite, au hasard, et ils ne tardèrent pas à rencontrer un obstacle qu’ils n’avaient pas prévu.

La galerie était coupée dans toute sa largeur par une excavation dont les bords étaient coupés à pic.

Sans le fanal que portait Georget, ils y seraient infailliblement tombés et ils n’en seraient jamais revenus, car on n’en apercevait pas le fond, et la bougie n’éclairait pas assez pour qu’ils pussent voir si le souterrain s’étendait au delà de cette tranchée.