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le pouce crochu

ser que vous avez honte de moi, et j’entends que vous me les présentiez… en commençant par celui qui était avec vous lorsque je vous ai rencontré au café des Ambassadeurs.

— Gémozac ! s’écria Fresnay. En voilà un dont la société ne te procurerait aucun agrément !

— Pourquoi donc ? demanda la comtesse. Le soir où je l’ai vu, il m’a paru charmant, et à moins que vous ne soyez jaloux de lui, je ne vois pas pourquoi vous ne me l’amèneriez pas.

— Je ne demanderais pas mieux, mais il n’y a plus rien à faire de ce garçon-là. Il est amoureux. Encore si c’était pour le mauvais motif ! mais il veut épouser l’objet. C’est un homme à la mer.

— Et de qui donc est-il si épris ?

— D’une orpheline… comme dans les drames de M. d’Ennery.

— La fille de l’inventeur Monistrol. Vous m’avez parlé d’elle au restaurant des Ambassadeurs.

— Peste ! quelle mémoire !

— Je n’oublie jamais rien de ce que vous dites, mon cher. Je ne suis pas comme vous, qui ne vous souvenez plus d’une foule de choses que vous m’avez promises.

— Le cheval de selle ? tu l’auras demain.

— J’y compte ; mais vous vous étiez engagé à me tenir au courant des faits et gestes de votre camarade Gémozac et depuis que j’ai consenti à habiter rue Mozart, vous n’avez pas une seule fois prononcé son nom devant moi.

— Si je m’étais douté que l’histoire de ses amours vous intéresserait, je vous en aurais rebattu les oreilles.

— Comment ne m’intéresserais-je pas à une jeune fille malheureuse et à votre meilleur ami ?