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le pouce crochu

blaient avoir été calcinées par la flamme et disjointes par une explosion.

— J’y suis ! s’écria Georges ; cette bâtisse servait de dépôt à un artificier ; un beau jour les pièces auront pris feu et tout a sauté. L’accident n’est pas d’hier, car des plantes ont poussé dans les fentes de la muraille, et depuis, ces ruines ont dû servir de refuge à tous les malandrins de la banlieue. Je ne serais pas surpris qu’on y eût fait de la fausse monnaie, mais j’ai peine à croire que Zig-Zag et sa maîtresse aient habité là… fût-ce provisoirement.

Ah ! voici l’autre entrée… Au bas d’un escalier dont les marches ne me paraissent pas solides.

— Elles le sont assez pour nous porter, dit Camille en s’y lançant, avant que M. de Menestreau pût la retenir.

Il fut bien obligé de la suivre et il arriva en même temps qu’elle dans une grande chambre, absolument vide.

Il n’y avait que les quatre murs, un plafond crevassé et un plancher branlant.

— Nos coquins ont séjourné là, dit le jeune homme en poussant du pied une bougie éteinte qui avait roulé jusqu’à la porte.

— Oui, dit Camille, c’est dans cette chambre qu’ils se tenaient quand nous sommes arrivés devant la maison. Je n’ai vu distinctement que la femme au moment où elle s’est approchée de la fenêtre, mais je suis sûre que l’homme se tenait dans le fond. J’ai même cru l’entrevoir un instant.

— Il y était, n’en doutez pas, mademoiselle, reprit M. de Menestreau ; et le chien a passé par ici, car voilà son collier.

— Et, la corde qui s’est cassée, lorsqu’il a échappé à Courapied… et la courroie qui a servi à le museler.