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le pouce crochu

se moque des préjugés et qui fait ce qu’elle veut, sans se préoccuper de l’opinion des sots. De plus, je serais ravi, parce que, si vous acceptiez, ce serait la preuve que je ne vous déplais pas.

— Eh bien ! soyez heureux : vous ne me déplaisez pas du tout. Ce n’est pas une raison pour que je devienne votre maîtresse… et surtout pour que je vive à vos dépens.

— Libre à vous de n’y pas vivre. Vous aurez le droit de payer vos termes, et moi j’aurai le droit de ne pas les encaisser.

— Vous plaisantez toujours.

— Pas du tout. L’arrangement que je vous propose est très sensé. Vous m’avez dit hier que vous cherchiez à Paris une installation convenable. Je vous offre ma maison. Donnez-moi la préférence.

— Je demande à réfléchir, dit en riant la comtesse.

— En d’autres termes, vous voulez consulter M. Tergowitz.

— Je ne consulte jamais que ma volonté. Et vous vous méprenez complètement sur la nature des relations que j’entretiens avec mon compatriote ; il a été l’ami de mon père.

— Vraiment ? Il paraît tout jeune.

— Il est un peu plus âgé que moi. J’aurais dû dire le pupille de mon père. Nous avons été élevés ensemble. Du reste, vous ne le rencontrerez plus, car il vient de m’annoncer qu’il part ce soir. De graves intérêts le rappellent en Hongrie.

— Parfait ! s’écria Fresnay. Alors, c’est convenu ?

— Mais non ! mais non ! Je ne suis pas décidée.

— Vous vous déciderez. Je vais toujours commander les meubles.